Chapitre 4 : La leçon de la manipulation.
(!!!Mise en garde. Certaines scènes peuvent heurter les plus sensibles. Vous êtes prévenu.!!!)
"Je sens le moelleux de mon oreiller et la douceur de mes draps. Je suis dans mon lit. Tellement fatiguée que je ne me souviens pas de m'être couchée, mais apparemment j'ai eu le temps de me glisser au chaud sous les couvertures.
J'ai froid... je ne me souviens pas non plus avoir ouvert la fenêtre. Le souffle de la brise fraîche caresse mon visage et me fait frissonner, mais je suis trop fatiguée pour ouvrir les yeux, pour me lever et la fermer. Les rideaux claquent contre les vitres. Je me blottis un peu plus dans mes draps, avec un peu de chance, je parviendrais à me rendormir sans que le froid ne me dérange plus. D'ailleurs, je me rendors surement en ce moment : le souffle frai s'est muté en quelque chose de plus tiède. Une douce chaleur, un parfum aussi. Celui des plantes du jardin en contre-bas surement. La pénombre de mes yeux clos se renforcent encore, j'attends impatiente que le monde des rêves me submerge de nouveau. Une chaleur pressante sur mes bras... trop lourde... "Eiluna se réveilla en sursaut, quelque chose ou quelqu'un l'avait agrippé fermement. L'étreinte était si forte, si puissante, elle cherchait à immobiliser sa proie, et surtout lui interdire le moindre cri. Une main épaisse s'était posée sur sa bouche alors qu'elle se débattait de toute ses forces. Effort vain face à une tel détermination de maitrise.
Le violent coup qu'elle reçu sur la tête ne l'assomma pas pourtant, elle fut étourdie, incapable désormais du moindre mouvement. Son prédateur en profitant pour lui bâillonner la bouche à l'aide d'un foulard et lui attacher les mains, ensemble, au dessus de sa tête, aux barreaux du lit de fer. Quand elle reprit conscience et ouvrit les yeux, elle vit le visage de son agresseur. Un jeune homme d'une vingtaine d'année. Ses yeux étaient noir, tout comme ses cheveux, plaqués en arrière, trempé de sueur. La course qui l'avait mené jusqu'à la demeure de sa victime et l'escalade qu'il avait du exécuter pour grimper au dernier étage de l'immeuble, l'avait épuisé, cependant il semblait garder encore une certaine vigueur.
Son regard était plus que malsain qui fit frémir l'enfant, d'horreur. Elle ne voulait, ni ne pouvait soutenir ce regard plus longtemps, aussi ferma t-elle les yeux si fortement d'espoir d'effacer ces visions de sa tête et que tout cela ne soit qu'un rêve.
Mais rien...
Elle sentait le poids de l'homme allongé sur elle, alors que ses mains s'empressaient de déchirer la robe de nuit qu'Eiluna portait, la mettant nue. Elle voulut crier, lui supplier d'arrêter, mais seuls de brefs bruits étouffés émanaient de sa bouche condamnée. Elle s'épuisa bien vite, la force venant à manquer et le souffle aussi. Elle le sentit se redresser alors que ses yeux étaient résolus à rester clos. Il posa ses deux mains sur ses genoux et tenta de les écarter, mais elle s'y opposa, imposant une résistance certaine. Il les écarta alors violemment, provoquant un craquement d'os fragile. La douleur insupportable manqua de faire évanouir à nouveau Eiluna, mais elle resta éveillé, hurlant de toutes ses forces mais bloquée par le bâillon qui la réduisait au plus simple silence. Elle fut alors contrainte d'abandonner toute résistance afin d'éviter plus de mal encore.
"Je suis désolé, je suis obligé de le faire. Tu comprends ? C'est ta faute, tu m'y pousses. Ta seule présence, ... mon corps entier vibre. Il faut ... je dois le faire !"
Alors qu'elle faillit ouvrir les yeux, une nouvelle douleur la submergea. Quelque chose venait d'entrer en elle brusquement et sauvagement. Il la profana alors de violent assaut tandis que du sang chaud commençait déjà à couler le long de ses cuisses et souiller les draps. Les larmes ne cessaient d'affluer sur ses joues alors qu'il la malmenait sans aucune retenue. Le monde s'était arrêté autours d'elle, les secondes devenant l'éternité. Pourtant il n'en fallut que quelques unes pour que le supplice cesse enfin. Elle entendit un bruit lourd, quelque chose qui tombait au sol. Libérée de tout poids sur son corps, elle tenta de se recroqueviller en ouvrant les yeux pour voir ce qu'il s'était passé. Un autre homme se tenait debout, au pied du premier. Il portait une lourde armure sombre et des tâches noires tatouaient son visage.
Sous les yeux choqués d'Eiluna, son mystérieux sauveur décapita son agresseur d'un seul et vif mouvement. Elle voulut détourner le regard, mais il l'en empêcha brusquement, lui attrapant le menton et lui murmurant :
"Regarde le, il est mort pour toi. Observe bien."
Jamais de sa vie elle n'avait vu tant de sang se répandre sur le sol. Il coulait à flot. Elle ne pouvait désormais plus quitter la scène du regard, comme si une force extérieur avait pris le contrôle de son corps pour l'obliger à garder les yeux ouverts. Elle ne cessait de regarder tout ce sang alors que l'homme assis près d'elle ne cessait de la regarder elle.
Elle ne se rendit pas compte que son bâillon fut ôté et ses mains déliées.
Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. L'alerte avait été donnée à la découverte des deux précédentes victimes qu'avaient fait le violeur avant de se faufiler dans la chambre de l'enfant au sang-mêlé, et l'ensemble des personnes présentes s'enfuyaient du bâtiment. Tous ses membres tremblaient, et sa poitrine se soulevait en une respiration saccadée, mais c'était là les moindres mouvements qu'elle pouvait exécuter. La porte s'ouvrit brusquement, offrant à la directrice de l'orphelinat un spectacle plus épouvantable encore que les deux scènes précédente.
Tout ce sang... il y en avait partout... le sol, les draps, et sur l'enfant aussi, qui ne bougeait plus, les yeux fixés sur le cadavre ou sur un monde inexistant et au delà même de la plus simple imagination.
Poussant un cri d'horreur, la directrice s'en fut, abandonnant Eiluna dans son lit. Un léger rictus naquit sur les lèvres de son sauveur qui avait trouvé refuge dans un coin d'ombre, l'abritant de l'angle de vision de la vieille femme qui avait émergée dans cette pièce. Il s'avança vers l'enfant, lui caressant la joue avec une infinie tendresse, avant de susurrer à son oreille :
"Vois comme le cœur des hommes est sombre. Tu n'as jamais connu que la peur, la douleur, la souffrance... mais moi, je peux t'en départir. Viens avec moi et tu ne connaitras plus jamais cela."
Toujours immobile, figée dans son expression de terreur, il en profita pour soulever le corps de la frêle enfant et l'emmener discrètement avec lui.
Cette nuit là, ils furent huit a être kidnappé, mais personne ne connut leur destin.
La quatrième leçon fut celle de la manipulation. Parce que tout n'est qu'illusion, vérité, semi-vérité et mensonge, la réalité n'est qu'une simple question de point de vu. Mais comment apprendre cela à une enfant de 12 ans ...?